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Théâtre

 
Parcours Théâtral

 
« Il ne restera peut être rien de mon théâtre sauf Feu la mère de Madame  mais il faudrait que ce soit à la Comédie Française» : refus en 1926 par le comité de lecture puis entrée au répertoire en 1941. Depuis…


la liberté du Metteur en scène  !

           Quel ordre choisir ? Un ordre chronologique ? Trop facile ! J’ai fait le choix de la théâtralité : un monologue d’ouverture qui interpelle directement  le public, comme une introduction, une mise en bouche ! Puis une petite forme légère, étonnante, à deux comédiens qui jouent deux enfants, parlant d’amour et de mariage, le pendant de Feu La Mère de Madame, l’amour 20 ans après !!! Voilà ce que cela donne !!! Pour Fiancés en herbes et Feu la mère de Madame c’est l’évolution du couple qui est mis en scène ! Du Mariage au Divorce…un miroir tendu !

           Je suis rentré dans ces pièces, dans la mise en espace et la direction d’acteur comme un homme du XXI° siècle, sans me préoccuper des didascalies abondantes de Feydeau, écrites, à mon sens, dans le seul but de maîtriser intégralement sa création parce qu’à l’époque la fonction de metteur en scène n’existait pas ou en tout cas pas encore.

           Un homme du XXI° siècle qui y a vu des choses modernes ou en tout cas aujourd’hui envisageables : érotisme, psychanalyse, déboire conjugal, l’éternel impossibilité pour l’homme et la femme de communiquer ou en tout cas de partager un quotidien. Sous une apparence légère, j’ai cru y déceler des sens cachés voir inconscients et je m’y suis engouffré pour le faire partager aux spectateurs !

           C’est le Feydeau de la fin de sa vie qui m’a également intéressé : triste, angoissé, hystérique, pauvre, seul, dépressif, malheureux, désabusé ! Comment ne pas voir là les blessures d’un homme qui se sont ouvertes et qu’il nous donne à voir, presque généreusement.  

         Pour Le Juré j’ai souhaité une ambiance irréelle, absurde et inquiétante. Pour Fiancés en Herbe, nous avons tenté de figurer un univers léger et poétique voir onirique. Enfin avec  Feu La Mère de Madame, nous avons créé un univers carcéral, angoissant, névrosé et encore une fois absurde ! Et tout cela en rythme !  

 
 On n’écrit pas quelque chose n’importe quand !
(Juste quelques repères)
 
 Une naissance « heureuse »
1862
 
Père financier mais aussi écrivain et auteur de pièces de théâtre. Il a donc rencontré dans son entourage Flaubert, les Goncourt

Dés l’âge de 20 ans il écrit et joue des monologues, des piécettes créés pour de grands acteurs de l’époque dont Coquelin Cadet mais pour gagner sa vie il est critique théâtral, journaliste, Directeur du Théâtre de la Renaissance.

1886 : Fiancés en herbe (Comédie enfantine en 1 Acte)

 

Une double  vie

 
A 30 ans c’est le triomphe, il est riche et mondain

Une vie littéraire et artistique dense (Lucien Guitry, Dumas fils, Rostand, Allais, Renard, Debussy)

Fréquente les cafés la nuit où il puise son inspiration et la journée il écrit, rigoureusement et « maniaquement »

1898 : Le juré, crée par Coquelin Cadet (une vedette). Il devient ici moraliste ce qui n’était pas  le cas auparavant. Verve en prose vengeresse, satire de la justice, boiteuse et aveugle. Courteline n’est pas loin.

Un mariage (1889) et quatre enfants : mésentente qui finira par une séparation (1909) puis un divorce (1916) : sa vie de « fêtard » n’est pas compatible.
Les hommes, les femmes et les couples dans son œuvre sont avant tout à l’image de sa vie…

Il joue et perd beaucoup : il accumule les dettes

Collectionneur de tableaux qu’il est obligé de revendre et ce jusqu’en 1903 !!!

Se désintéresse des grosses mécaniques en 3 actes et commence à écrire un cycle de farces conjugales  grinçantes.

1908 : Feu la Mère de Madame, une Tragédie à l’envers qui fait rire. Il développe ici la psychologie du couple et une méditation sur les mariages ratés : l’image d’une triste « solitude à deux », on se supporte par la force de l’habitude. Discussion mesquine et sordide. Ce sont deux enfants qui n’ont pas atteint encore l’âge de raison. Cruauté de cette pièce naturaliste, vulgarité, égoïsme humain : voilà ce que ce couple a en commun !
Au bord du divorce d’avec sa femme.

1910 : impuissance créatrice, il n’arrive pas à finir ses pièces malgré ses nombreux projets dont notamment un scénario pour Chaplin.
Reconnaissance publique : Vice Président de la Société des compositeurs et auteurs dramatiques, Chevalier de la Légion d’honneur.
 
Une « drôle » de mort

Divorcé, ruiné, syphilitique, seul, folie, éloigné, mutique, étrange lassitude, la vie ne l’amuse plus. 

1919 : syphilis et folie 

1921 : mort
 
En France et dans le monde 

1852 : Hausmann (transformation de Paris et essor économique) 

1859 : Darwin et ses théories 

1870 : guerre à la Prusse, 3° République, la France perd l’Alsace et la Lorraine 

1881 : Jules Ferry, l’Instruction devient Publique 

1894 : début de l’affaire Dreyfus 

1896 : Création d’UBU ROI d’Alfred Jarry 

1900 : exposition universelle 

1902 : Méliès, 1° film muet 

1914/18 : 1° guerre mondiale 

1916 : Freud découvre l’inconscient
 
A un carrefour théâtral
 

Ceux qui font rire à son époque : 

Courteline : dramaturge réaliste qui dénonce la bêtise et la méchanceté de l’homme 

Labiche : passe pour l’inventeur de l’absurde 

Jarry : contre le théâtre de son temps en cassant les « codes » en cours 

          Avènement du metteur en scène ! Le texte ne dit pas tout et la mise en espace révèle une pluralité des sens ! Du régisseur (technique) on passe au metteur en scène (artistique, esthétique, politique et interprétation). Deux courants se révèlent : les symbolistes (poétique, abstrait) et les naturalistes (se rapprocher de la réalité). 

        La formation de l’acteur ! De la domination des vedettes on passe à une formation nécessaire de l’acteur pour une interprétation véritable : le comédien est un être humain avec sa psyché, son corps, son imagination, son univers. C’est ce qui compose un personnage. 

        Et Feydeau dans tout ça ??? Un auteur de Boulevard et/ou de Vaudeville ? un peu trop simpliste ! Il se  situe consciemment ou pas entre naturalisme et symbolisme ! Il approche l’absurde. Il frôle le symbolisme ! Feydeau un précurseur de Ionesco ? Son théâtre est réaliste, il nous présente un miroir,  mais dans l’exagération et l’hystérie ! 


Le travail des comédiens 

            « Du  rythme que diable ! », car il faut que  la mécanique minutieuse fonctionne, maintenir un comique visuel constant au service d’un comique verbal. Beaucoup de travail, de la sueur, des doutes, des inquiétudes ! Et cent fois remettre son ouvrage sur la table, les mains dans le cambouis, on recommence, on ne laisse rien passer, rien n’est acquis, on fait, on refait jusqu’à l’écœurement.  Au théâtre on fait ce que l’on peut…En plus des directions demandées, il a fallu qu’ils soient aussi créatifs dans un espace serré. Et au final quel plaisir de la maîtrise…


Stéphane MAHEU
Metteur en scène

 
 



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