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L'autre côté du miroir Théâtre |
la liberté du Metteur en scène !
Quel ordre choisir ? Un ordre chronologique ? Trop facile ! J’ai fait le choix de la théâtralité : un monologue d’ouverture qui interpelle directement le public, comme une introduction, une mise en bouche ! Puis une petite forme légère, étonnante, à deux comédiens qui jouent deux enfants, parlant d’amour et de mariage, le pendant de Feu La Mère de Madame, l’amour 20 ans après !!! Voilà ce que cela donne !!! Pour Fiancés en herbes et Feu la mère de Madame c’est l’évolution du couple qui est mis en scène ! Du Mariage au Divorce…un miroir tendu !
Je suis rentré dans ces pièces, dans la mise en espace et la direction d’acteur comme un homme du XXI° siècle, sans me préoccuper des didascalies abondantes de Feydeau, écrites, à mon sens, dans le seul but de maîtriser intégralement sa création parce qu’à l’époque la fonction de metteur en scène n’existait pas ou en tout cas pas encore.
Un homme du XXI° siècle qui y a vu des choses modernes ou en tout cas aujourd’hui envisageables : érotisme, psychanalyse, déboire conjugal, l’éternel impossibilité pour l’homme et la femme de communiquer ou en tout cas de partager un quotidien. Sous une apparence légère, j’ai cru y déceler des sens cachés voir inconscients et je m’y suis engouffré pour le faire partager aux spectateurs !
C’est le Feydeau de la fin de sa vie qui m’a également intéressé : triste, angoissé, hystérique, pauvre, seul, dépressif, malheureux, désabusé ! Comment ne pas voir là les blessures d’un homme qui se sont ouvertes et qu’il nous donne à voir, presque généreusement.
Pour Le Juré j’ai souhaité une ambiance irréelle, absurde et inquiétante. Pour Fiancés en Herbe, nous avons tenté de figurer un univers léger et poétique voir onirique. Enfin avec Feu La Mère de Madame, nous avons créé un univers carcéral, angoissant, névrosé et encore une fois absurde ! Et tout cela en rythme !
Une double vie
Divorcé, ruiné, syphilitique, seul, folie, éloigné, mutique, étrange lassitude, la vie ne l’amuse plus.
1919 : syphilis et folie
1921 : mort
En France et dans le monde
1852 : Hausmann (transformation de Paris et essor économique)
1859 : Darwin et ses théories
1870 : guerre à la Prusse, 3° République, la France perd l’Alsace et la Lorraine
1881 : Jules Ferry, l’Instruction devient Publique
1894 : début de l’affaire Dreyfus
1896 : Création d’UBU ROI d’Alfred Jarry
1900 : exposition universelle
1902 : Méliès, 1° film muet
1914/18 : 1° guerre mondiale
1916 : Freud découvre l’inconscient
A un carrefour théâtral
Ceux qui font rire à son époque :
Courteline : dramaturge réaliste qui dénonce la bêtise et la méchanceté de l’homme
Labiche : passe pour l’inventeur de l’absurde
Jarry : contre le théâtre de son temps en cassant les « codes » en cours
Avènement du metteur en scène ! Le texte ne dit pas tout et la mise en espace révèle une pluralité des sens ! Du régisseur (technique) on passe au metteur en scène (artistique, esthétique, politique et interprétation). Deux courants se révèlent : les symbolistes (poétique, abstrait) et les naturalistes (se rapprocher de la réalité).
La formation de l’acteur ! De la domination des vedettes on passe à une formation nécessaire de l’acteur pour une interprétation véritable : le comédien est un être humain avec sa psyché, son corps, son imagination, son univers. C’est ce qui compose un personnage.
Et Feydeau dans tout ça ??? Un auteur de Boulevard et/ou de Vaudeville ? un peu trop simpliste ! Il se situe consciemment ou pas entre naturalisme et symbolisme ! Il approche l’absurde. Il frôle le symbolisme ! Feydeau un précurseur de Ionesco ? Son théâtre est réaliste, il nous présente un miroir, mais dans l’exagération et l’hystérie !
Le travail des comédiens
« Du rythme que diable ! », car il faut que la mécanique minutieuse fonctionne, maintenir un comique visuel constant au service d’un comique verbal. Beaucoup de travail, de la sueur, des doutes, des inquiétudes ! Et cent fois remettre son ouvrage sur la table, les mains dans le cambouis, on recommence, on ne laisse rien passer, rien n’est acquis, on fait, on refait jusqu’à l’écœurement. Au théâtre on fait ce que l’on peut…En plus des directions demandées, il a fallu qu’ils soient aussi créatifs dans un espace serré. Et au final quel plaisir de la maîtrise…
Stéphane MAHEU
Metteur en scène